Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, sy les assemblées secrettes et publicques de ceux qui se disent
2enfans de Dieu ou religieux réformés ne nous eussent appourté aulcung mal
3par le passé ny deshobeissance à nostre roy (duquel vous tenés le lieu
4en ce pays), une infinité de peuple ne se trouveroit à présent estonné en ceste
5ville ; mays d’aultant que tous animaux, par ung instinc naturel,
6craignent et fuyent ce qui leur est contrayre et plus fort, celuy à qui
7Dieu a donné, oultre la nature, rayson et jugement, voyant revenir telles
8choses, crainct rechoir en telle misère et calamité que puys naguières nous
9a tant affligés – de laquelle vous pouvés estre et juge et tesmoing pour
10en avoir plus senti au cœur que tous ceux qui ont perdu en leurs biens
11– pour la grande bonté et vertu desquelles Dieu vous a pourveu, oultre une
12prudence et advis don[t] avons telle asseurance, que toutes leurs assemblées
13et dessains viendront en fumiée, vous y estant adverti ; qui ma causé vous
14escripre la presente parce, que mardi dernier, jour de La Magdelayne, ung ministre
15avecques neuf ou dix desdits religieux de ceste ville sassemblarent sur
16la nuict chez maistre Jaques Faure, le medecin, et feurent descouvers puys
17trouvés tous assemblé par une bonne troupe de catholicques de ceste ville
18qui y accompagnarent le lieutenant de juge, qui en print actes et despuys s’est
19monstré assés lent à l’information. Toutefoys je m’asseure que verrés tout comme
20y a esté procédé et croy que l’asseurance est desjà telle en eux qu’ilz ne
21craignent plus que bien peu, car ung filz de Françoys de Combes, jeudi
22dernier, poursuivist et blessa dedans la garde de la porte Saint-
23Felix ung qui aultreffoys avoit esté pourtier ; et dès ce jour, ou ung au
24paradvant, le sieur de Mirabel avecques plusieurs cappitaynes se sont
25promenés par ceste ville accompaignés de plusieurs de leurs adhérans
26qui effraye ung peu le monde ; pourquoy, Monseigneur, vous playra nous
27ayder en quelque façon affin que le dommage ne suyve la craincte ;
28et je masseure que les benedictions et prières du peuple vous
29impetreront envers Dieu, lequel je supplye vous donner,
30Monseigneur, augmentant tousjours vostre grandeur très longue et
31heureuse santé, et à tous ce que mieux vous aymés. De Valence, ce XXVIIIe
32de julhet 1572.
33Vostre très humble et très hobeissant serviteur
34Clément Faure